À Biella, les montagnes ne font pas de bruit. Elles observent. Et dans leur silence, elles ont vu naître les gestes. Ceux que l’on répète sans bruit, dans les ateliers. Ceux qui tissent. Ceux qui comprennent. Chez Lanificio Rogna, maison fondée en 1951, les tissus ne sont pas que des étoffes : ce sont des pages d’histoire que l’on caresse du bout des doigts. Une chronique italienne brodée de rigueur, de beauté, et d’un sens inébranlable de la mesure.

©Lanificio Rogna

Installé au cœur de la région piémontaise, ROGNA a vu passer le XXe siècle sans jamais perdre le fil. Il faut croire que la discrétion est une forme d’élégance. Alors que d’autres crient leur modernité à coups de slogans tapageurs, ici on travaille dans la lumière froide du matin, avec la certitude tranquille que l’essentiel se trouve dans la précision d’une trame, dans l’équilibre d’une armure, dans l’accord subtil d’un coloris.
Chez ROGNA, on ne suit pas les tendances, on les traverse. Costumes formels, étoffes pour chemises, manteaux d’hiver à la coupe parfaite : la maison ne parle que le langage de la permanence. Mais que l’on ne s’y trompe pas : cette tradition n’a rien de figé. Elle est, au contraire, perpétuellement réinventée. Chaque tissu est pensé pour durer dans le temps et s’adapter à une clientèle internationale qui exige autant la main d’un tissu que son histoire.

La palette ROGNA est sobre, presque retenue, mais d’une richesse extrême : flanelle fine, gabardine légère, nattés texturés, micromotifs ciselés à la manière d’une estampe. Tout ici évoque la précision d’un horloger et la sensibilité d’un poète. On pense à ces étoffes qui, une fois portées, accompagnent un individu toute une vie, de rendez-vous en traversées, de doutes en célébrations. Rien d’ostentatoire, tout est question d’attitude.
Le secret de cette maison, c’est une écoute. Celle du client, d’abord — tailleurs, maisons de mode, créateurs indépendants — mais aussi celle du tissu lui-même. Car un bon tissu, chez ROGNA, n’est pas un produit fini. C’est un point de départ. Il faudra l’apprivoiser, l’éprouver, l’emmener ailleurs. C’est peut-être là que réside la force de la maison : dans cette capacité à offrir des bases solides, sans jamais figer la création. Une sorte de diplomatie textile, au service du geste juste.
ROGNA travaille avec les plus grandes marques de prêt-à-porter haut de gamme, mais ne cherche jamais à se mettre en avant. Elle est cette signature en filigrane, cette qualité que l’on reconnaît sans besoin d’étiquette, ce raffinement qu’on murmure plus qu’on n’exhibe.

©Lanificio Rogna

À Première Vision Paris et à Milano Unica, tout comme au salon PRECO, ROGNA attire les acheteurs les plus exigeants. Ceux qui cherchent le bon tombé, le bon poids, la bonne promesse. Ils viennent de Corée, du Japon, de France ou des États-Unis, et tous reconnaissent la même chose : une capacité rare à tenir la note, saison après saison.
À PRECO notamment, ROGNA expose ses gammes les plus fines, celles qui dialoguent avec les marques émergentes comme avec les maisons établies. 
Les tissus pour l’automne-hiver jouent sur les contrastes : flanelle chaude et respirante, tweeds doux, laines brossées. Pour le printemps-été, place aux sergés légers, aux cotons mercerisés, aux draps d’été à la main sèche. Toujours, la recherche de textures nobles, de finitions irréprochables, d’un équilibre entre innovation textile durable et héritage manufacturier.

ROGNA ne fait pas de grands discours sur la durabilité, elle l’incarne. Toutes les étapes de production sont réalisées en Italie, avec des partenaires sélectionnés pour leur rigueur. Les matières premières — laines mérinos, cotons supima, fibres naturelles sélectionnées — sont sourcées avec soin, dans un respect strict des normes environnementales. Ici, le textile responsable n’est pas un effet de mode, c’est une condition d’existence.
À une époque où la vitesse semble dicter la valeur, ROGNA rappelle que le temps long reste une option viable, et même désirable. Elle travaille pour ceux qui croient encore que le vêtement peut être une forme de dialogue : avec soi, avec le monde, avec ceux qui l’ont façonné.

©Lanificio Rogna

www.lanificiorogna.com

Michael Timsit