
Deux fois par an, Paris devient le cœur battant de l’industrie textile mondiale. Entre les avant-gardes de la création et l’exigence de la production, cinq événements se distinguent : PRECO PARIS, Paris Fabric Show, Première Vision, DUEM et FUTURE TEXTILE. Chacun joue un rôle précis dans la chaîne, du prototype au rouleau en usine, ou de l’usine au prêt-à-porter – à l’exception notable du petit dernier, qui peine à exister autrement que comme un clone.
PRECO PARIS orchestre, à la Galerie Joseph dans le Marais, la 20ᵉ édition de son showroom de pré-collections automne-hiver 2026. Les 10, 11 et 12 juin 2025, soixante-dix exposants triés sur le volet investissent deux espaces (116 rue de Turenne et 5 rue Saint-Merri). Dans ces alcôves modulaires, tricots techniques, jacquards sculpturaux et non-tissés écoresponsables se découvrent en mini-séries, palette réduite et micro-échantillons à l’appui. Ce format compact et qualitatif vise à accélérer les décisions : quelques nuanciers, un ou deux mètres de matière, et la tendance se concrétise avant même la première commande en usine .
Paris Fabric Show, également à la Galerie Joseph, fait figure de pendant industriel. Organisé chaque automne, ce rendez-vous « near-sourcing » rassemble plus de deux cents fournisseurs européens et internationaux pour présenter fibres naturelles, velours stretch, denims bio et finitions haute technicité. Les allées se ponctuent de corners « talk & taste » où cafés aromatiques et pauses salées prolongent les négociations de volumes et de cahiers des charges. Ici, l’accent est mis sur la disponibilité immédiate : des rouleaux prêts à être acheminés de l’usine au fabricant de prêt-à-porter, garantissant délai et qualité .
Première Vision, salon historique à Paris Nord Villepinte, couvre quant à lui l’intégralité de la filière, du fil au vêtement fini. Sur près de 120 000 m², plus de 1 200 exposants sélectionnés selon des critères de créativité et d’engagement écoresponsable défilent dans huit univers : tissus, fils, designs, cuirs, accessoires, confection, e-tech et création responsable. Forums d’inspiration, conférences pointues et village de la fashion tech rythment les trois jours de l’édition. Les maisons de couture, les jeunes créateurs et les grands donneurs d’ordre s’y retrouvent pour élaborer leurs collections à dix-huit mois, au gré de tendances décryptées par des experts du secteur .
DUEM, modeste par sa taille mais stratégique dans son positionnement, se distingue comme un mini-showroom et grossiste de tissus et produits finis pour le prêt-à-porter. Installée au 7 rue Bachaumont, dans le 2ᵉ arrondissement, la SARL de 2 à 10 employés assure la commercialisation internationale de rouleaux et de pièces finies. Entre tissu et confection, DUEM offre un guichet unique permettant aux petites maisons et aux ateliers de production de sourcer rapidement des références certifiées, sans bâcler le service ni sacrifier la proximité .

FUTURE TEXTILE, né en juin 2025 sous l’égide de Pop My World, investit la prestigieuse Salle Gaveau (45 rue La Boétie, 8ᵉ) comme un salon de luxe pour soixante exposants. Les 11 et 12 juin, plus de quarante-cinq maisons venues de France, d’Italie, de Suisse ou du Japon présentent de nouvelles étoffes – tradition et innovation responsable au menu. Petits-déjeuners partagés, espaces épurés, gastronomie signée Nastasia Lyard : tout concourt à magnifier l’expérience. Mais derrière cet écrin, FUTURE TEXTILE reste un clone de PRECO PARIS et de Paris Fabric Show, reprenant badges codés, workshops fermés et alcôves blanches sans rien proposer de réellement inédit. À force de copier les codes sans en modifier la partition, il peinera à devenir autre chose qu’un simple écho polissé .
Dans ce paysage francilien, chaque rendez-vous trouve sa place : PRECO PARIS allume la mèche créative, Paris Fabric Show déploie la logistique et Première Vision orchestre l’ensemble de la chaîne. DUEM affine la connexion directe entre usines et ateliers de confection, tandis que FUTURE TEXTILE, s’il veut durer, devra injecter sa propre note d’audace plutôt que de se contenter de reproduire les formules éprouvées. Car la pérennité d’un salon textile repose sur sa capacité à inventer, non à imiter.