À Prato, au creux des collines toscanes, là où la laine régénérée fut un jour une révolution, une entreprise discrète continue de faire vibrer l’âme textile de l’Italie. Chez Tessile Fiorentina, chaque fibre raconte une quête — celle d’un tissu qui respecte le vivant sans renoncer à la performance.

C’est dans les années 1950 que Mario Becagli, revenu d’un séjour aux États-Unis, introduit à Prato un procédé encore inconnu en Italie : la fausse fourrure produite sur des machines circulaires. Un pari audacieux, né dans un hangar modeste, animé par six métiers et sept collaborateurs. Mais très vite, la matière s’impose. Le toucher duveteux, l’illusion maîtrisée, le geste technique. Le style prend forme, et l’entreprise grandit.
D’une décennie à l’autre, la maison ne cesse de bifurquer. Dans les années 70, elle invente le “poil repris”, technique de finition devenue signature. Dans les années 80, elle s’oriente vers la polaire — un tissu alors marginal, bientôt essentiel — capable de résister aux froids extrêmes, mais aussi aux usages intensifs de l’outdoor. Une mode utilitaire et libre, bien avant que l’athleisure ne colonise les défilés.
Aujourd’hui, Tessile Fiorentina réunit sous ses lignes “Technolife” et “Activa 3.0” toute une vision de l’avenir : des textiles techniques, légers, respirants, confectionnés à partir de fibres recyclées, pensées pour la mobilité, le sport, la ville, le voyage. Le style devient structure, le tissu, langage. Et derrière les surfaces, une conviction : celle que la matière a le pouvoir de réconcilier innovation et responsabilité.
À chaque salon Milano Unica, leurs étoffes rappellent que Prato n’a jamais cessé de penser le futur à partir de ce qu’il reste du passé. Et qu’un tissu, parfois, peut être une philosophie tissée en boucle.
Michael Timsit


