Au petit matin, la brume du lac réveille un chuchotement : celui de Teseo, tisseur de soie depuis 1926. Dans l’atelier d’Olmeda, les métiers Dornier palpitent comme un orchestre discret, prêts à vêtir les podiums de demain.

Au lendemain de la Grande Guerre, Enrico Clerici transforme un modeste atelier familial en laboratoire de lumière ; son fils Ercole fonde bientôt la Tessitura Serica di Olmeda (TESEO). Fidèle à la soie, la maison intègre aujourd’hui viscose FSC et bio-silk GOTS pour séduire des créateurs dont 85 % résident en Europe du Nord et en Asie. Dans le triangle textile Côme–Biella–Albino, l’entreprise se nourrit d’une émulation continue : la précision lanifère de Biella, la rigueur coton d’Albini 1876, et cette fluidité comacienne nourrie par les mûriers locaux.

Sur le stand, l’organdi à mémoire de forme côtoie un satin triple-armure cyanotype. Un ancien physicien de la couleur contrôle l’empreinte carbone pendant que la responsable qualité, Anna Clerici, examine chaque fil comme une gemme brute. L’atelier cultive ainsi une « électricité tranquille », équilibre subtil entre recherche avancée et geste ancestral.

Dans le vacarme régulier des navettes, un silence persistant se fait entendre : celui des mains qui règlent le battant et préservent la volupté tactile. Au premier froissement, la différence se révèle ; les étoffes semblent porter la mémoire du lac, tel un murmure capturé dans la trame.

Demain, lorsque des drones cartographieront la couleur des nuages pour anticiper les palettes, Teseo continuera de tisser, discret, au rythme des collines qui veillent sur le Lario.

www.teseospa.it

Michael Timsit