Dans le grondement ténu des métiers à tisser de Montemurlo, la famille Giannetti déroule depuis 1936 une partition textile où chaque fil raconte un fragment du paysage toscan.

Le premier chapitre naît à l’aube du XXᵉ siècle, lorsque Filiberto Giannetti installe son micro‐atelier à deux pas des remparts de Prato. Ici, la laine recyclée côtoie déjà le fil vierge : un instinct de sobriété que ses héritiers transforment aujourd’hui en moteur écologique. Sur les grandes tables d’échantillons, sa petite-fille Caterina déroule un flanelle cardée, certifiée GOTS ; son frère Filiberto ajuste un twill ultra‐léger promis aux podiums de l’été 2026. Dans chaque geste, la conscience méticuleuse d’un district industriel vieux de huit siècles, et la volonté d’en écrire l’avenir.

Sous le bois blond de leur stand, les acheteurs glissent la paume sur une gabardine couleur cacao : on décèle l’ombre sereine des Apennins dans ce brun profond. Giannetti Piero ne vend pas seulement des métrages : il livre au créateur un fragment d’histoire locale, poli par la science des teinturiers et la rigueur du chemical manager qui ajuste le pH comme un luthier son diapason.

La raison d’être de l’entreprise tient dans ce frisson intime que procure la matière quand elle communie avec la lumière. À cet instant, le temps semblait suspendu : la Toscane se condensait dans un fil, et la main, étonnée, comprenait soudain la portée sensible d’un métier forgé par trois générations.

Sur le dernier métier qui s’éteint chaque soir, un vrombissement persiste, battement discret rappelant que le roman continue tant qu’il y aura des yeux pour lire dans la trame le souffle des collines.

giannettipiero.com

Michael Timsit