Dans le silence feutré de Sudbury, à une heure de Londres, les métiers Jacquard de Stephen Walters chantent encore des histoires de soie et de laine. Depuis plus de trois siècles, cette maison anglaise dessine, tisse et réinvente le tissu comme on écrit un roman, fil après fil, pour les plus grands noms de la mode mondiale.

Un lieu, une mémoire
Il existe des lieux qui semblent hors du temps. Sudbury, dans le Suffolk, en fait partie. Au cœur de cette campagne brumeuse, entre les rivières et les haies, s’élève le moulin de Stephen Walters, actif depuis 1720. Treize générations s’y sont succédé, perpétuant un savoir-faire textile d’une rare continuité. Ici, le tissu n’est pas simplement une matière : c’est une mémoire, une langue, un récit tissé. Une matière presque littéraire, où chaque trame devient texte.
Un sanctuaire de création
Spécialisée dans le tissage Jacquard pour l’habillement, la mariée et les accessoires, la maison britannique façonne six collections par an, en plus de nombreux projets sur mesure. Du dessin à la teinture, du développement au tissage, tout est réalisé en interne, avec une rigueur presque monastique. Ce n’est pas une usine : c’est un monastère de la matière.
AW26 : textures subtiles, contrastes affirmés
Stephen Walters, c’est d’abord une main artisanale, un œil de designer, une fibre d’ingénieur. Chaque fil est choisi dans une gamme écoresponsable, chaque motif pensé comme une partition. La collection Automne-Hiver 2026, dévoilée en avant-première au salon PRECO à Paris, illustre cette exigence : géométries audacieuses, carreaux ludiques, floraux color block, unis subtilement pigmentés. La soie y dialogue avec la laine chaude, pour une élégance souple, texturée, racée.
Un vestiaire pensé pour se démarquer sans éclat tapageur.
L’équilibre entre tradition et innovation
Ce qui distingue Stephen Walters, c’est sa capacité à conjuguer l’héritage et l’avant-garde. À côté de ses archives tricentenaires, son studio développe des projets exclusifs à partir de modélisations numériques (CAD), maquettes colorimétriques et prototypes de fils.
La maison collabore avec les plus grands noms du luxe, de Londres à New York, de Milan à Tokyo. Et à chaque saison, son showroom parisien devient une scène d’expression : un lieu où les stylistes viennent composer leurs gammes, en amont des Fashion Weeks.
Chaque salon est à la fois vitrine et laboratoire, où les idées et les matières s’enlacent.

Une excellence certifiée
En matière de durabilité, Stephen Walters avance avec précision et engagement.
- En 2023, elle obtient la certification OEKO-TEX® STeP niveau 3, plus haute distinction environnementale.
- En 2025, elle reçoit le King’s Award for Enterprise, récompensant sa gestion responsable et son impact social positif.
Rien n’est laissé au hasard : production à la commande, faibles minimums, circuits courts, gestion stricte des ressources, recyclage de l’eau.
Une approche d’atelier moderne, respectueuse de la planète autant que du vêtement.
Une étoffe qui murmure
Travailler avec Stephen Walters, c’est entrer dans un récit plus vaste qu’une tendance.
C’est choisir un tissu qui a du poids en sens, pas seulement en grammes.
C’est écouter les échos d’un métier à tisser centenaire, et y entendre une voix contemporaine.
C’est toucher une étoffe et sentir, à travers elle, la main de l’artisan, la vision du designer, la force du territoire.
Et dans le brouhaha des salons, parmi les allées du showroom parisien, on reconnaît toujours un tissu signé Stephen Walters.
Il ne crie pas. Il murmure. Et pourtant, il captive.


Michael Timsit