Il faut imaginer la Serra da Estrela au lever du jour. Les montagnes portugaises s’enveloppent d’un halo léger, les nuages frôlent les toits d’ardoise, et dans la lumière laiteuse, Penteadora veille. Depuis 1930, cette manufacture nichée à Unhais da Serra fait de la laine une matière à penser, un outil de transmission, une réponse aux grandes questions du monde textile.
Fondée par Alfredo Marques Santos, entrepreneur éclairé et humaniste, Penteadora naît avec un idéal : améliorer les conditions de vie de sa communauté grâce au travail, au savoir-faire, à l’industrie comme ancrage. Près d’un siècle plus tard, l’idéal demeure — mais il s’est enrichi de rigueur, d’innovation, d’un sens du geste long. Car ici, tout est pensé dans la durée.
La maison maîtrise l’ensemble du processus de production. De la sélection de la fibre — pure laine mérinos, mélanges nobles, matières techniques — jusqu’à la teinture, le tissage, les finitions, chaque étape porte la signature d’un lieu, d’un climat, d’une éthique. 4 millions de mètres par an, oui. Mais aucun qui ne soit passé entre les mains et les regards attentifs des artisans de la Serra.
Les tissus Penteadora sont ceux qu’on sent battre entre les doigts. Des étoffes peignées à l’élégance stricte. Des flanelles aux tombés profonds. Des armures compactes pour uniformes civils et militaires. Et puis il y a ces laines cardées d’hiver, capables d’incarner un classicisme solaire, chaleureux, presque instinctif.
L’engagement écologique n’est pas un discours — c’est une géographie. Installée dans une zone classée Géoparc mondial de l’UNESCO, l’entreprise a investi dans des panneaux photovoltaïques, une station de traitement des eaux usées, et a structuré sa politique de recyclage autour du programme Re.Born. Les matières revalorisées ne sont pas une exception, mais une matière première à part entière. L’obtention de la certification GRS vient entériner cette transition, sobre, profonde, intégrée.
Aux salons — Milano Unica, Première Vision, PRECO — Penteadora ne fait pas de démonstration tapageuse. Elle propose des tissus solides, élégants, respirants. Elle attire les maisons de mode à la recherche d’un supplément d’âme. Elle séduit les créateurs qui cherchent dans un métrage l’écho d’un lieu, d’un savoir, d’un souffle.
À Unhais da Serra, on ne fabrique pas seulement du textile. On poursuit une conversation silencieuse entre les générations, entre l’ombre et la lumière, entre la laine et le monde. Penteadora, c’est le murmure d’un atelier qui, depuis près d’un siècle, tisse le présent avec des fibres d’avenir.
Michael Timsit
