Entre les montagnes de Wakayama et la mémoire industrielle du Japon, une usine résiste aux cycles de la mode. Chez Morishita, le tricot n’est pas une technique, c’est une philosophie — un dialogue entre passé mécanique et sensibilité contemporaine.

En 1907 alors que l’Occident s’enthousiasme pour la vitesse, Sentaro Morishita revient de San Francisco avec une idée en tête : importer des métiers à tricoter circulaires pour créer le premier atelier japonais de tricot industriel. C’est ainsi qu’est née Morishita Knitting Factory, dans un hangar modeste de Takasocho, avec cinq machines venues de Suisse et une ambition visionnaire : produire des tissus souples, confortables, populaires, accessibles.

Le XXe siècle bouscule la maison. Guerre, destruction, relance. Mais à chaque génération, un Morishita reprend le fil. En 1951, Shigeru fonde officiellement la structure actuelle, avant que Nobuyuki, l’actuel président, n’ouvre le bureau de Tokyo et internationalise l’entreprise. Dès 2012, Morishita participe à Première Vision puis à Milano Unica, affirmant une présence croissante sur la scène du textile haut de gamme.

Ce qui frappe dans l’usine aujourd’hui, c’est le silence presque religieux qui entoure les machines : plus de 200 métiers — du loopwheel vintage au tricotage assisté par ordinateur — tous entretenus avec une rigueur artisanale. Morishita ne détruit rien, il restaure. Et chaque machine, ancienne ou neuve, est choisie pour servir une idée : traduire la demande du client en matière vivante. Le style se tricote, maille à maille, jusqu’à devenir message.

Travailler avec Morishita, c’est renouer avec une certaine idée de la lenteur japonaise. Une lenteur qui n’entrave pas la création, mais la révèle. Comme si la beauté d’un tissu dépendait aussi du respect du temps qu’il contient.

Michael Timsit

https://morishitaknit.jp/en/about/