À Prato, dans cette ville aux toits ocre et aux ruelles de filature, le textile n’est pas une industrie : c’est un héritage. Depuis plusieurs générations, Bellandi S.p.A. transforme les fibres en langage, les étoffes en archives vivantes. Derrière ses murs sobres, une famille de tisseurs conjugue l’art ancien de la laine aux exigences contemporaines de la mode internationale. À chaque saison, ce sont des kilomètres de tissus feutrés, chinés, fil-à-fil ou brossés qui sortent de ses métiers, porteurs d’un certain génie toscan, discret et persévérant.
Le cœur de Bellandi bat au rythme du cardé, cette technique qui fait naître des textures profondes, vibrantes, parfois irrégulières comme la pierre ou le ciel de Prato. Ici, la laine prend le temps. Elle est recyclée, parfois mélangée au mohair, au cachemire ou au nylon, toujours pensée pour durer. Les collections, à la fois graphiques et chaleureuses, séduisent autant les grandes maisons que les créateurs indépendants. Bellandi tisse pour ceux qui cherchent la densité, la main, la justesse d’une matière qui ne cède rien à l’éphémère. Dans les showrooms parisiens, sur les podiums de Milan ou dans les ateliers de Tokyo, ses tissus racontent l’histoire d’un vêtement solide, élégant, ancré.
La maison participe régulièrement aux grands rendez-vous du textile européen : Première Vision Paris, Milano Unica, Paris Fabric Show et PRECO (precoparis.com). Ces salons sont pour Bellandi l’occasion de dévoiler ses innovations responsables et ses collections aux nuances subtiles. À chaque stand, les visiteurs découvrent une palette cohérente et généreuse, une harmonie entre les classiques revisités et les textures nouvelles. Loin de la surenchère technologique, Bellandi fait du beau, du durable, du fiable. Elle séduit par sa constance, sa lisibilité, sa capacité à accompagner les marques sur plusieurs saisons, dans une logique de partenariat fidèle.
Bellandi ne vend pas des produits, elle offre des dialogues. Avec les stylistes, les modélistes, les développeurs matière. Elle adapte ses métrages, personnalise ses coloris, optimise ses délais. Derrière chaque échantillon, il y a l’écoute, l’intelligence d’un processus maîtrisé, et la souplesse d’un ancrage territorial profond. La Toscane, ici, ne sert pas de décor. Elle est le terreau, la matrice, la mémoire vive. Ce que Bellandi protège, ce n’est pas seulement un savoir-faire, c’est un rapport au monde, où la matière et le temps ne sont jamais gaspillés. Un textile qui se vit au toucher, à la lumière, à l’épreuve des saisons.
Michael Timsit
