Au bord des collines de Luisago, près de Côme, dans une lumière douce qui semble avoir été pensée pour l’étoffe, Seride imprime depuis près de cinquante ans bien plus que des motifs : elle insuffle aux textiles une narration. Fondée en 1975 par Bruno Luraschi et aujourd’hui portée par ses enfants, l’entreprise familiale s’est taillée une place singulière dans le paysage textile italien. Seride ne tisse pas. Elle imprime, mais avec la précision d’un calligraphe et la sensibilité d’un coloriste.

Ce qui frappe d’abord chez Seride, c’est la maîtrise du geste. Ici, l’impression n’est pas un procédé : c’est un art. Sérigraphie, pigmentaire, numérique, devoré… chaque technique est choisie, ajustée, affinée en fonction du tissu et de l’effet souhaité. Le chiffon, le jersey, la georgette, le satin, le drill ou la soie deviennent les supports d’un langage visuel sensible et mesuré. L’entreprise imprime sur coton, lin, laine, viscose, polyamide, polyester — et chaque fibre réagit comme une voix propre, une respiration.
Mais au-delà de l’exécution, c’est la vision de Seride qui touche. Elle refuse le spectaculaire, préférant l’émotion lente, presque silencieuse, d’un motif bien posé, d’un ton exact. L’impression est ici pensée comme une seconde peau, comme une mémoire portée, presque comme un souffle sur la matière. Les collections naissent dans cet interstice fragile entre la rigueur du procédé et la fugacité de l’inspiration.

Fidèle à son enracinement territorial, Seride cultive aussi un lien subtil entre artisanat et conscience écologique. Dès 2009, bien avant que la mode verte ne devienne tendance, l’entreprise installe un système photovoltaïque sur les toits de ses ateliers. Elle utilise des encres à base d’eau, minimise les solvants, et explore des supports textiles éco-certifiés. L’écologie, ici, n’est pas un argument — c’est une esthétique, une manière d’être au monde.
Dans son atelier, chaque rouleau qui sort des machines porte l’empreinte discrète d’un artisanat qui n’a jamais cédé au vacarme des tendances. Et sur les salons, notamment Première Vision Paris, Milano Unica ou PRECO, Seride attire ceux qui savent regarder — ceux qui cherchent dans une impression non pas un effet, mais un souffle.

Michael Timsit